La
bataille d'Eylau (
Bagrationovsk, anciennement Preußisch Eylau) a eu lieu le
8 février 1807 entre l’
Empire russe et l’
Empire français.
Napoléon Ier reste maître du terrain mais au prix de très lourdes pertes, et n’a pas la victoire décisive qu’il attendait.
La
bataille d'Eylau (
Bagrationovsk, anciennement Preußisch Eylau) a eu lieu le
8 février 1807 entre l’
Empire russe et l’
Empire français.
Napoléon Ier reste maître du terrain mais au prix de très lourdes pertes, et n’a pas la victoire décisive qu’il attendait.
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Prélude [modifier]Les
Prussiens ayant été écrasés à
Iéna et
Auerstaedt,
Bennigsen, que le
Tsar avait envoyé avec 60 000 hommes pour les soutenir, se trouve obligé de temporiser en attendant des renforts
russes sous les ordres de Buxhovden. Sans faire jonction avec le
corps d'armée prussien du
général Lestocq survivant, il se replie sur la ville d'
Ostrołęka en
Pologne.
Napoléon Ier, irrité par la reprise des hostilités par la
Russie — qu’il croyait avoir relativement épargnée lors de la
paix de Presbourg —, franchit la
Vistule et tente alors d’envelopper la retraite des Russes par un mouvement de sa gauche qui, du fait des conditions atmosphériques, échoue, ne provoquant que des combats d’arrière-garde à
Pułtusk et à
Golymin (
26 décembre 1806).
Les renforts
russes, 50 000 hommes avec Buxhovden et 30 000 de la
Garde impériale russe, étant arrivés,
Bennigsen dispose alors de 140 000 hommes en
Pologne et se résout à passer à l’offensive en attaquant le corps du
maréchal Bernadotte situé au nord du dispositif français et après l’avoir défait, à s’engager dans les arrières des Français. Cependant
Bernadotte réagit promptement en prenant l’offensive à
Mohrungen, le
25 janvier 1807, ce qui permet de dégager son
corps d'armée, face à des forces deux fois supérieures en nombre.
Napoléon, averti, lui ordonne ainsi qu’à
Ney de se replier plus en arrière, pensant attirer
Bennigsen pour le prendre de flanc et l’adosser à la
Baltique. Mais la prise d’un courrier français met celui-ci au courant du piège tendu et le pousse à nouveau à la retraite. Napoléon, décide alors de le contraindre à la bataille générale en marchant directement vers
Königsberg où il sait que se trouve la majorité des approvisionnements russes.
Bennigsen, après deux combats d’
arrière-garde à
Hof et
Heilsberg le
6 février, acculé, choisit le village de
Preussisch-Eylau pour tenter de l’arrêter.
Forces en présence [modifier]Article détaillé :
Ordre de bataille lors de la bataille d'Eylau.
Déroulement [modifier]Le 7 février [modifier]Arrivés vers 14 heures,
Soult et
Joachim Murat attaquent l’avant-garde russe commandée par
Bagration, située à l’ouest sur la route de
Lansberg et dans le village même. Les premières attaques menées par les
brigades Schiner et Vivies, sur la droite à travers les bois, et les
brigades Levasseur et Essards, au centre, à travers le lac gelé, se font sèchement repousser. Mais l’arrivée de la
division Leval et du corps d’
Augereau qui menacent d’envelopper par la gauche, contraint les Russes à se replier sur le village et en début de soirée, la division
Legrand appuyée par celles de
Saint-Hilaire et de
Leval arrache le village aux Russes lors d’un corps à corps où se distingua la brigade
Essards.
Bagration, battu, recula sur la gauche des positions qu’occupait son
général en chef, sur les hauteurs à l’est du village. Napoléon, arrivé à 23 heures à Eylau, ne dispose que de 46 000 hommes et 300 canons, le
corps de
Davout, et
celui de
Ney étant encore respectivement, à 18 km au sud et 30km au nord tandis que celui de
Bernadotte est encore plus éloigné. Face à lui,
Bennigsen a 80 000 hommes appuyés par 400 pièces ; il décide néanmoins de livrer bataille le lendemain pour éviter une nouvelle dérobade russe.
Le 8 février [modifier]Dès sept heures, l’artillerie russe, répartie en trois grandes batteries, pilonne les positions de Soult et le village.
Rapidement, l’artillerie française répond, provoquant un gigantesque duel que les troupes des deux camps qui n'ont pas mangé et ont dormi sans feu, subissent pendant deux heures.
À neuf heures, Davout arrive, et attaque immédiatement par le sud, mais son infériorité numérique, malgré les succès initiaux, le met en difficulté ; l’
Empereur, pousse donc le
corps d’
Augereau et la division de Saint-Hilaire, pour l’appuyer. Mais, aveuglées par la neige, les colonnes de ceux-ci se présentent de flanc contre la batterie centrale russe et se font décimer ; les généraux de division
Desjardins et
Heudelet sont tués et le
maréchal d’
Augereau est blessé.
Le
14e régiment d'infanterie, encerclé, est anéanti, sous les yeux-mêmes de
Napoléon (qui ordonne à Augereau de tenter une opération de sauvetage, ce qui donnera lieu à un passage fameux dans les Mémoires du
Général Marbot avec sa jument Lisette), par la contre-attaque générale lancée avec la garde impériale russe, la cavalerie et la division du
général Somov qui vise à couper les Français en deux au niveau du village en profitant de la brèche créé.
Napoléon, alors dans le
cimetière d'Eylau, ne recule pas et fait donner la
Garde.
Électrisés par la présence de leur Empereur, les
grenadiers de
Dorsenne et les
chasseurs à cheval de
Dahlmann, stoppent net la colonne russe de grenadiers qui vise le cimetière dans un titanesque corps à corps à l’arme blanche et c'est l'une des rares batailles où l'infanterie de la Garde impériale intervient.
Il provoque ensuite
Murat :
« Nous laisseras-tu dévorer par ces gens-là ? », qui enlève une énorme charge de toute la cavalerie disponible, 12 000 hommes, la plus grande charge de tous les temps.
Celle-ci sabre, à l’aller et au retour, les deux divisions que
Bennigsen avait engagées dans l’exploitation de l’anéantissement des
troupes d’
Augereau, rétablissant la situation.
Le combat reste indécis toute l’après-midi, malgré l’apparition du
Prussien Lestocq et de ses 10 000 hommes attaquant la
droite de
Davout, qui est contre-balancée par l’arrivée de
Ney et de ses
8 000 hommes.
La nuit tombée,
Bennigsen, à court de munitions, sans réserves et contre l’avis de
Knorring,
Osterman et
Lestocq, décide de se replier vers
Königsberg.
Napoléon à la
Bataille d'Eylau par
Antoine-Jean GrosÉpilogue [modifier]La victoire est française. Elle est réelle dans la mesure où Napoléon reste maître du terrain, mais c'est une
victoire à la Pyrrhus et elle a coûté fort cher : dix mille tués ou blessés chez les Français, douze mille morts et quatorze mille blessés qui mourront faute de soins chez les Russes¹. Le lendemain matin, Ney s'exclama en parcourant le champ de bataille à cheval : "Quel massacre ! Et tout cela pour rien !".
Napoléon, très affecté par les pertes subies, et contrairement à son habitude, restera huit jours sur le champ de bataille pour activer le secours aux blessés. Cette victoire n’est pas décisive car
Bennigsen, quoique très entamé, s’est retiré en bon ordre et n’a pas été réellement poursuivi du fait de l’état d’épuisement de l’armée française. Il faudra une autre grande bataille pour contraindre les Russes à la paix, décisive celle-là, ce sera
Friedland.
En littérature [modifier]La bataille d'Eylau est le point de départ du roman d'
Honoré de Balzac :
le Colonel Chabert dont le héros éponyme décrit les horreurs. Fiction, Chabert, réputé mort à la bataille d'Eylau lors de la grande charge de
Murat, réapparaît à Paris sous la
Restauration, au grand dam de sa femme qui a hérité de sa fortune et s'est remariée.
Notes [modifier]Vive les Aigles! ^^