La
bataille d’Austerlitz (aujourd’hui
Slavkov, en
République tchèque) surnommée la
« bataille des Trois Empereurs », se déroule le
2 décembre 1805 (11
frimaire an XIV) dans le Sud de la
Moravie,
et plus précisément entre
Brünn et
Austerlitz. Après neuf heures de combats,
la
Grande Armée de
Napoléon Ier bat les forces austro-russes de l’empereur
François Ier d'Autriche et
du tsar
Alexandre. L’
Angleterre,
bien qu'invaincue, reste seule, ce qui met fin à la
Troisième Coalition.
Outre son importance stratégique, cette bataille, ainsi que la
campagne qui l'a précédée, menant la Grande Armée, de
Boulogne-sur-Mer jusqu’à Austerlitz, est
considérée comme le chef-d'œuvre tactique de Napoléon Bonaparte, et,
encore de nos jours, enseignée dans de nombreuses écoles militaires.
Austerlitz semble être la seule bataille où Napoléon ait pu choisir
le terrain, y amener l'ennemi et lui imposer son plan : la totalité des
autres furent soit des batailles de rencontre plus ou moins improvisées (
Marengo,
Iéna,
Eylau,
Lutzen,
Dresde), soit des forçages de positions où l’ennemi
préféra attendre l'Empereur (
Friedland,
Wagram,
la Moskowa).//
Forces en
présence [modifier]Article détaillé :
Ordre de bataille lors de la bataille d'Austerlitz.
Prélude [modifier] La paix
d'Amiens et début des hostilités [modifier]En mars
1802,
la
France et l’
Angleterre, affaiblies par dix ans de guerre,
signent à
Amiens un
traité de paix. Cependant, farouchement anti-français, le
nouveau Premier ministre anglais
William Pitt ne respecte pas le traité de paix et
refuse d’évacuer l’
île de Malte. En mai
1803,
l’Angleterre ouvre les hostilités en saisissant 1 200 bateaux de
commerce français et hollandais dans les ports anglais sans
déclaration de guerre. Les Français
réagissent quelques jours plus tard en arrêtant tous les Anglais se
trouvant en France
[1] et Bonaparte mobilise son armée.
L’armée
d’Angleterre et le camp de Boulogne-sur-Mer [modifier]Napoléon Bonaparte a déjà eu l’occasion de commander l’armée de Nord
(ou des Côtes de l’Océan) en
1797. Mais devant l’impréparation de ses troupes et la
puissante flotte anglaise croisant dans le
pas
de Calais, il préfère mener la
campagne d'Égypte. En 1803, Napoléon, fort
de son expérience, assemble ses corps d’armées tout le long du littoral
français
[2].
Pendant un an, la
Grande Armée s’équipe,
s’entraîne, forme ses conscrits, sous l'encadrement d'officiers
compétents. En effet, ces derniers sont le support de la Grande Armée :
la plupart sont d’anciens simples soldats levés en
1793[3],
qui ont acquis en 1804 l'expérience du combat et gardent un attachement
pour les nouvelles recrues.
La
Troisième coalition : l'Angleterre, l'Autriche et la Russie [modifier]Les Britanniques ont certes une puissante flotte, mais leur armée de
terre peu nombreuse, essentiellement composée de milices sans
discipline, est médiocre et faiblement armée. Conscient que cette armée
serait incapable de s’opposer à la
Grande Armée une fois
débarquée, William Pitt, le Premier ministre britannique, décide pour
éloigner la menace française d’invasion, de former fin
1804 une
nouvelle coalition contre la France avec l’Autriche, la Russie et la
Suède qui ne mènera dans la guerre qu’un rôle anecdotique : une petite armée anglo-suédoise devait débarquer en
Allemagne pour inciter les États nordiques du
Saint-Empire romain germanique à la rébellion. Cette opération fut cependant abandonnée à cause de la
faible motivation du gouvernement suédois.
[réf. nécessaire]Le tsar
Alexandre Ier de Russie,
sacré en
1801,
adhère à la coalition pour des raisons de prestige : vaincre l’empereur
des Français confirmerait la puissance de la Russie en pleine expansion
depuis cinquante ans (voir
partitions de la Pologne et
traité d'Iaşi contre les
Ottomans).
L’empereur
François Ier connaît le
talent de Napoléon, qui par deux fois a battu les armées autrichiennes
en quatre ans (voir
première et
deuxième coalition).
Mais l’annexion de l’
Italie du Nord par la France (Napoléon s’étant fait
couronner roi d’Italie) et les premières tentatives pour réunir les
États allemands sous protection française, domaine tenu par l’Autriche
depuis des siècles, poussent François I
er à adhérer à la coalition. Enfin,
toutes les cours européennes ont vivement réagi à l’exécution du
duc d’Enghien et au
sacre de Napoléon.
Le
4
juillet, la
Russie et l’
Autriche signent une convention de guerre où les Russes s'engagent à envoyer en
Allemagne 140 000 hommes pour aider les 100 000 Autrichiens. Les
Anglais, financeurs de la coalition, s'engagent à verser à leurs alliés
1 250 000 livres pour 100 000 hommes mis en campagne. Cette somme énorme a obligé le gouvernement anglais à
s’endetter auprès des banques britanniques pour fournir cet argent aux
Russes et Autrichiens.
[réf. nécessaire] Mouvements
préliminaires [modifier] La prise
d’Ulm [modifier]La Capitulation du général Mack
et le défilé des troupes autrichiennes devant Napoléon, par
Charles Thévenin.
À la mi-
août 1805, la
situation de Napoléon est difficile : la contestation des mouvements
royalistes s’intensifie après l’exécution du
duc d’Enghien. Malgré la
vigilance de
Fouché, le
Trésor public est vide : pris de panique face aux tensions
internationales, les épargnants voulurent récupérer l’or confié à la
Banque de France. De plus Napoléon apprend que l’amiral
Villeneuve, jugeant
sa flotte trop faible par rapport à celle de
Nelson, s’enferme à
Cadix ;
tandis que la
Bavière (alliée de la France) est envahie par les
troupes du général autrichien
Mack.
Devant ces événements, Napoléon décide le 23 août de
pirouetter son armée sur le
Rhin.
Le
29 août, 150 000 fantassins, 40 000 cavaliers et 350 canons
déferlent du littoral pour gagner l’Allemagne avec une étonnante
précision : chaque unité de la Grande Armée a un itinéraire et des lieux
d’étapes précis à respecter. Cette marche forcée (jusqu’à 40 km par
jour) à travers le nord de la France a pour but d’atteindre
Vienne avant que les Russes ne rejoignent les
Autrichiens, et qu'ils ne bénéficient ainsi de la supériorité numérique.
Le
26 septembre, après trois jours de repos, les
7
torrents (pour les 7 corps de la Grande Armée) traversent le Rhin en
direction de la Bavière envahie. Mack attend de pied ferme Napoléon à
Ulm, verrou de
la route la plus courte entre le Rhin et
Munich, la
capitale bavaroise, c’est-à-dire à travers la
Forêt-Noire.
Napoléon décide alors de contourner
Ulm par le nord
puis de couper Mack de ses arrières, en insérant les trois quarts de son
armée entre
Ulm et la ville de
Ratisbonne, tandis que
Lannes et la cavalerie de
Murat font diversion en faisant croire aux
Autrichiens que la Grande Armée est toujours en face d’eux. Après la
victoire de
Ney à la
bataille d'Elchingen, Mack doit se
replier avec ses 25 000 hommes dans
Ulm. Après une
semaine de siège, la meilleure armée autrichienne se rend ; les simples
soldats sont emmenés en France comme captifs et les officiers sont
libérés en promettant qu’ils ne combattront plus les Français. La route
de
Vienne est ouverte.
L’entrée
dans Vienne [modifier]Même si Napoléon a vaincu une première fois les Autrichiens, il est
loin d’avoir vaincu l’ensemble des forces de la coalition : Napoléon
poursuit l’armée russe de
Koutouzov. Au fur-et-à-mesure que celui-ci bat
en retraite, il ne cesse de se renforcer tandis que la Grande Armée se
dilue, à 1 000 km de ses bases. En Italie,
Masséna est incapable de battre l’archiduc
Charles malgré son écrasante
supériorité numérique ; Napoléon doit alors se priver de
Ney et de
Marmont qui
partent pour le
Tyrol (afin d’éviter que l’archiduc Charles n’échappe à
Masséna puis menace l’aile droite de la Grande Armée). L’empereur des
Français doit aussi se priver d’
Augereau, car un autre
archiduc,
Jean-Baptiste, tente de lever une
armée en
Bohême. Pis encore, la
Prusse prépare son entrée en guerre et promet à
Alexandre Ier d’attaquer
les Français à la mi-décembre, lors d’une réunion secrète du tsar
Alexandre et du roi
Frédéric-Guillaume III de
Prusse fin octobre au
château de Potsdam.
Le lendemain de la capitulation d’Ulm survient le
désastre naval de Trafalgar, mais
Napoléon n’apprend cette nouvelle que le
1er novembre.
Après avoir libéré
Munich, la Grande Armée descend le
Danube pour prendre Vienne et chercher la bataille décisive avec les Russes.
Napoléon estime les effectifs de
Koutouzov à plus de 100 000 hommes. En fait, le
maréchal russe ne dispose que de 36 000
soldats fatigués renforcés par 22 000 Autrichiens démoralisés. Informé
de la défaite d’Ulm, Koutouzov décide de battre en retraite pour faire
liaison avec des renforts russes et autrichiens, malgré les suppliques
de
François II pour défendre Vienne et
il charge
Bagration, son
meilleur subordonné, de couvrir sa retraite avec ses divisions.
Pendant ce temps, Napoléon espère livrer bataille à
Saint-Pölten (
Sankt Pölten), mais le
11
novembre, Koutouzov, renforcé par 10 000 Autrichiens et ayant repris
de l’assurance, fond avec 15 000 hommes sur la division de
Mortier, dans le
défilé de
Dürrenstein. Pris de front, de flanc
et par l’arrière, les Français résistent et combattent à un contre
trois, et mettent finalement hors de combat 2 600 Russes.
Napoléon ordonne à
Murat de prendre
Vienne, l’accusant d’avoir laissé Mortier
seul et de ne pas avoir contre-attaqué les Russes, tandis que
Bernadotte franchit difficilement
le
Danube à cause d’une subite
crue du fleuve. Le
13
novembre, Murat et
Lannes prennent Vienne sans coup de feu.
Les deux lieutenants de Napoléon parviennent alors à s’emparer du
pont de bois de la ville en affirmant à l’officier chargé de le faire
sauter qu’un
armistice a été signé entre Napoléon et François
II. Aussitôt,
Bessières et
Soult franchissent le fleuve. Le
lendemain, Murat attaque avec sa cavalerie l’
arrière-garde de
Bagration. Les
Russes parviennent à s’échapper en employant le même stratagème : ils
font croire à Murat qu’une négociation d’armistice est en train de se
dérouler et celui-ci arrête son attaque.
Le général
Mikhaïl KoutouzovKoutouzov arrive à Olmütz (maintenant
Olomouc),
en
Moravie,
où il opère sa jonction le
19
novembre avec la 2
e armée russe du
général Buxhowden et le corps autrichien du
prince de Liechtenstein. L’armée
coalisée compte alors 86 000 hommes. Le surlendemain, Napoléon arrive à
Austerlitz, à 100 km de
Vienne. Il n’a plus que 73 000 hommes.
Le
piège de Napoléon [modifier]Ce piège consiste à faire croire à l'ennemi que les forces de
Napoléon I
er sont trop faibles pour vaincre. Pour ce faire, il utilise de nombreuses
ruses (organiser le repli de ses troupes lors d'affrontements ou
d'escarmouches, demander à être reçu par les autres empereurs comme pour
négocier, etc.). Les ennemis pensent alors que Napoléon ne dispose que
de 40 000 hommes (au lieu de 73 400).
Koutouzov n'en est pas persuadé mais les jeunes
généraux (nobles ayant acheté des charges, donc peu expérimentés)
veulent briller devant leur empereur et foncent dans le piège, sans
attendre les renforts du sud.
Le terrain [modifier]Le champ de bataille d’Austerlitz est un vaste rectangle de huit
kilomètres sur douze. Il est délimité au nord par la route
Olmütz-
Brünn et à
l'ouest par la route
Vienne-
Brünn. Au sud, des étangs gelés ferment le champ de
bataille. Entre le
Goldbach et la
Littawa, deux
ruisseaux formant un V, le plateau de
Pratzen est la pièce
maîtresse de la zone. La neige hivernale, encore peu épaisse, gomme les
dénivellations.
Pendant deux jours, Napoléon étudie scrupuleusement le futur champ de
bataille qu’il a choisi : il mémorise chaque haie, chaque fossé, chaque
bosquet…
[réf. nécessaire] Il
conseille alors à ses maréchaux : « Jeunes gens, étudiez bien ce
terrain, nous nous y battrons ; vous aurez chacun un rôle à jouer ».
La météo [modifier]DateTempérature[précision nécessaire]VentPrécipitations
29/11 | 1,1 °C | faible | Pluie, brume |
30/11 | 2,0 °C | faible | Neige |
1/12 | 2,5 °C | moyen | Pluie |
2/12 | 5,2 °C | faible | Brume, pluie |
3/12 | 2,5 °C | faible | Neige |
Le plan et le dispositif
français [modifier]Article détaillé :
Ordre de bataille des unités françaises ayant
participé à la bataille d’Austerlitz.
Après la réunion des armées alliées, les Austro-Russes ont une nette
supériorité numérique.
Napoléon se résout donc à une bataille défensive ; il rassemble
ses forces et convainc ses adversaires qu’il refuse la bataille en
battant en retraite et en abandonnant, le
28
novembre, le plateau de Pratzen, de haute valeur tactique. Le même
jour, il sacrifie aux
Cosaques les cavaliers du général
Treilhard. Après
une marche agressive de trois mois, ce repli et cette défaite
apparaissent aux yeux des coalisés comme un aveu de faiblesse et
réconforte le
tsar,
qui a refusé la proposition de
Koutouzov de retraiter jusqu’en
Galicie.
Napoléon, pour persuader psychologiquement ses adversaires qu’il est à
la veille d’une défaite certaine, envoie
Savary, son
aide
de camp, faire des propositions de paix. Le tsar refuse mais, le
30
novembre, il envoie tout de même
Dolgoroukov,
un prince arrogant et impertinent. « Celui-ci,
plus habitué aux bals à
Saint-Pétersbourg qu’aux bivouacs, est
saisi de surprise quand il voit Napoléon sortir d’un fossé, la figure
sale et mal accoutrée » raconte dans ses
Mémoires le
général
Andrault, un
émigré français qui a proposé ses services au tsar. Dolgoroukov donne
les conditions de paix du tsar : l’abandon de la rive gauche du
Rhin par la
France. Napoléon refuse net mais Dolgoroukov est
convaincu de la victoire des coalisés
[réf. nécessaire]. À son
retour, il déclare : « Napoléon tremblait de
peur. J’ai vu l’armée française à la veille de sa perte. Notre
avant-garde suffirait à l’écraser ».
Pour persuader tactiquement les alliés, Napoléon place peu de troupes
sur son flanc droit. Il prévoit que les Alliés, voyant le point faible
du dispositif français, quitteront leur position dominante, c’est-à-dire
le plateau de Pratzen, pour envelopper les Français et leur couper la
route de
Vienne, car ils croient qu'elle est
indispensable aux Français pour battre en retraite en cas de défaite,
alors qu'en fait, l'Empereur se serait replié sur Paris. Au centre,
Soult et ses 20 000 hommes,
contre-attaquera et coupera l’armée ennemie en deux en attaquant le
plateau de Pratzen laissé sans défense.
Lannes (15 000 fantassins) et
Murat (8 000 cavaliers), au nord, défendront leurs positions. Pour renforcer
son flanc droit, Napoléon prie Davout de quitter Vienne, où ses troupes
sont stationnées, et de le rejoindre à marche forcée. Les 8 000 soldats
de
Davout parcourront alors les 110 km qui
les séparent du champ de bataille en 48 heures (36 heures de marche).
De plus, il place la cavalerie de Margeron au château de Sokolnitz et
dispose la division Legrand à Sokolnitz (il ordonne également au
3e
régiment de ligne de
Legrand de tenir Telnitz
jusqu’à l’arrivée de Davout). Enfin,
la Garde Impériale (5 000
grenadiers) et le 1
er corps de
Bernadotte (12 000 hommes) restent
en réserve. Le positionnement des Français pour la bataille fut envoyé
aux différents maréchaux dans le bulletin
Dispositions générales pour
la journée du 11 Frimaire an XIV (2 décembre 1805).
L’artillerie française compte 139 canons.
Le
plan et dispositif allié [modifier]Article détaillé :
Ordre de bataille des armées
russes et autrichiennes ayant participé à la bataille d’Austerlitz.
Les positions françaises (en blanc) et austro-russes (en noir) à la
veille de la bataille
Le
1er décembre, un conseil de guerre se
réunit pour discuter du plan de bataille pour l'affrontement du
lendemain. Koutouzov et Andrault, méfiants devant la conduite de
l’Empereur des Français, veulent temporiser pour attendre l’archiduc
Charles. Celui-ci, parti d’Italie, est le seul qui puisse se mesurer à
Napoléon, l’ayant déjà beaucoup rencontré dans le passé (l’archiduc
Charles a conduit la retraite de l’armée autrichienne pendant la
1re campagne
d’Italie). Mais le tsar, encouragé par de jeunes nobles ambitieux
mais sans expérience, choisit
Weyrother, un général autrichien. Celui-ci a organisé
les manœuvres de l’armée des Habsbourg l’année précédente sur ce même
emplacement. Son plan d’attaque prévoit d’utiliser le corps de
Bagration pour faire une attaque de
diversion au nord tandis que la majeure partie de l’armée alliée
attaquera au sud le flanc droit dégarni des Français avec 40 000 hommes
en quatre colonnes et prendre les Français dans un mouvement tournant : « J’emploierai demain contre Bonaparte la même
manœuvre qui lui avait servi à battre les Autrichiens à
Castiglione. La victoire est
certaine » déclare Weyrother au tsar.
L’armée austro-russe compte 85 000 hommes, dont 15 000 Autrichiens. À
la droite du dispositif allié se trouve le corps de
Bagration (environ 15 000 hommes) ;
au centre,
Kolowrat (17 000 hommes) et à gauche,
43 000 hommes (formés en quatre colonnes) sous les ordres de
Przybyszewky,
Andrault, Dovtorov et Kienmayer). En réserve, Weirother place les 4 000
hommes de la
Garde Impériale russe (sous les
ordres du frère du tsar, le
grand-duc Constantin) et la
cavalerie du
prince de Liechtenstein (7 000
cavaliers). L’ensemble de l’artillerie alliée compte 278 canons.
La nuit du 1er décembre au 2 décembre [modifier]Les Bivouacs d’Austerlitz, par
L.-F. LejeuneLe
1er décembre, à 20 heures 30, Napoléon réunit
ses maréchaux pour un dernier conseil : chacun désormais sait
précisément son rôle pour le lendemain. À 22 heures, il part à cheval
avec une escorte de vingt chasseurs rejoindre le sud du champ de
bataille afin d’entendre les Russes prendre leurs positions sur le
plateau de Pratzen. Dans l’obscurité, ils dépassent les positions
françaises et des
Cosaques surgissent de la nuit, mais l’escorte de
l’empereur les repousse. De retour dans les lignes françaises, ils
s’arrêtent dans le bivouac du
13e
de ligne des régiments de
Vandamme, du corps de Soult.
Dans l’obscurité, l’Empereur se heurte à une souche d’arbre : un
chasseur de son escorte l'éclaire en allumant une poignée de paille et
en la fixant sur un bâton. Un an jour pour jour après
le sacre de Napoléon, toute la compagnie l’imite
et 70 000 hommes répartis en douze bivouacs, font de même puis
renouvellent les feux pendant plus d’une heure. Voyant ce spectacle, les
Russes et les Autrichiens croient que les Français brûlent leurs
campements, sûrs de leur défaite.
Confiant à ses aides de camps que cette nuit du 1
er au
2
décembre était la plus belle soirée de sa vie, Napoléon s’endort
vers minuit, rassuré du mouvement des Russes sur sa droite, dans
l'auberge où il a établi son quartier général, non loin de la route
Olmütz-Brünn. Dans le château d’Austerlitz, Alexandre ne se réveille
qu’à quatre heures du matin tandis que François II a attendu l’aube,
soucieux.
Dans la nuit, des patrouilles de reconnaissance françaises remarquent
que les Russes marchent plus au sud que prévu : Napoléon ordonne alors à
Davout de gagner
Telnitz, à l’extrême
sud du champ de bataille, afin de stopper les Russes entre les villages
de Telnitz et
Sokolnitz,
distants l’un de l’autre de 800 mètres. La division
Friant,
composée de vétérans d’Italie et d’
Égypte et surnommée « la division de fer », harassée de fatigue après sa
marche, quitte son bivouac vers 4 heures du matin et part pour Telnitz.